Camille Lacourt et Michael Phelps poussent un coup de gueule contre les athlètes présumés dopés qui participent aux J.O, notamment les Chinois et les Russes, mais il n’y a pas qu’eux malheureusement… Quel est le pouvoir réel des autorités de l’agence mondiale anti-dopage ? Que veulent dire les contrôles positifs, si les sanctions sont levées peu après ?
Michael Phelps présentant des taches violettes sur les épaules relance également le débat. On parle à son sujet de « dopage physiologique ». Qu’est-ce que ça veut dire exactement ?
Le dopage c’est la prise de substances ou l’utilisation de méthodes visant à améliorer les performances, la récupération, l’élimination de la douleur, etc… ? Faisons un bref passage en revue des différents types de dopage incluant les formes interdites et les formes autorisées…
Le dopage pharmacologique
Le dépassement du seuil physiologique de la fatigue suite à l’usage de substances dopantes peut provoquer des états de faiblesse extrême pouvant aller jusqu’à l’épuisement, voire jusqu’à la mort. C’est notamment le cas de l’utilisation des amphétamines ayant provoqué nombre de décès dans diverses compétitions sportives par infarctus, de l’EPO ayant un effet quasiment immédiat sur l’épaississement du sang par augmentation des globules rouges conduisant à des embolies, des stéroïdes anabolisants induisant des décès à plus long terme par cancers, etc …
Les hautes instances ont mis au point un document comportant une classification de produits interdits que les fédérations, les préparateurs et les athlètes peuvent consulter librement, pour éviter d’être dopés sans le savoir.
Le dopage physiologique
Quand il s’agit de substances interdites figurant sur une liste, c’est plus ou moins facile à détecter, mais lorsque des méthodes de médecine parallèle ou de thérapies traditionnelles servent à améliorer les performances, peut-on encore parler de dopage ?
Avec la pose de ventouses ou cupping (l’origine des fameuses tâches de Phelps), l’acupuncture, les sangsues, l’hypnose, le magnétisme, l’électrothérapie, les massages ou la médecine énergétique, la réflexologie, la sophrologie, l’oxygénothérapie, la cryothérapie (exposition au froid pour améliorer la récupération)… on permet aux limites physiologiques de monter d’un cran sans risque pour la santé. Ces disciplines n’ayant pas de reconnaissance médicale car souvent jugées inefficaces, il est bien difficile de reconnaître a posteriori qu’il puisse s’agir de dopage ! Et si c’était ça la clé ?
Si on va plus loin, les vitamines, le café, les huiles essentielles, les régimes particuliers, le jeûne, les oligo-éléments ça s’apparente aussi à du dopage ? Et si on va encore plus loin, les premiers participants aux Jeux Olympiques dans la Grèce antique mangeaient des testicules de taureau en espérant assimiler la testostérone et obtenir la force du bovidé …
Booster le métabolisme énergétique, est-ce du dopage ?
Aussi l’utilisation abusive de compléments alimentaires (pourtant sains à la base et bien que non interdits) peut faire penser à du dopage dans la conduite, bien qu’ils n’aient pas les effets secondaires des dopants…
Et pourtant, la micro-nutrition, est un fameux progrès médical qui donne une certaine avance au sportif qui la maitrise (ou que son préparateur lui recommande) par rapport au sportif amateur. Le coaching, les soins ou l’amélioration de la physiologie, de manière naturelle vont dans ce sens.
Le dopage « technologique »
Une autre polémique a été mise en lumière au moment du tour de France avec la fameuse roue qui continuait à tourner toute seule (et longtemps) après une chute, celui de l’amélioration technologique qui augmente les performances cette fois ci du matériel et des matériaux au service de la performance des sportifs : un vélo qui roule tout seul ou un bateau qui rame plus vite… Selon certains experts, ce n’est pas nouveau, cela existe depuis longtemps déjà.
On se souvient également du scandale des fameuses combinaisons de natation en polyuréthane qui faisaient gagner de précieuses secondes par rapport à ceux qui n’en avaient pas et qui ont finalement été interdites. L’autre solution aurait été de les généraliser. Tous égaux devant la technologie !
Le dopage génétique
Enfin, que penser du dopage de l’avenir pour lequel la commission anti-dopage a déjà pris certaines initiatives ? On parle ici de dopage génétique ou comment la thérapie génique développée pour guérir des pathologies invalidantes est détournée pour augmenter les performances sportives. C’est en faisant des travaux sur certaines myopathies que l’on a découvert qu’en bloquant la myostatine, le développement musculaire n’avait plus de limite en volume (la force n’étant plus proportionnelle à la taille du muscle), conduisant alors à la mort. D’autres travaux en génétique sur la dégénérescence des globules rouges ont permis de révéler qu’il était possible de modifier l’expression des gènes responsables de la sécrétion d’EPO. Les capacités d’endurances seraient ainsi démultipliées mais au prix d’une durée de vie courte. Même si aucun labo ou cabinet médical officiel ne se risquerait à ce genre de manipulation, certains laboratoires clandestins ayant flairé le filon sont déjà actuellement capables de le faire.
Quelles sont les limites ?
Arrivera-t-on à un moment à un seuil absolu ? Certains experts pensent déjà que les limites de l’amélioration humaine sont proches. Depuis ces dernières années, la course à la performance dans tous les domaines s’est accélérée de façon spectaculaire et les techniques ne cessent de s’améliorer. Pourtant les records sont plus élevés que jamais et de plus en plus difficiles à battre. A-t-on atteint les limites de la physiologie humaine ? Les chercheurs qui étudient la question pensent que la moitié des records ne seront plus améliorables d’ici une dizaine d’années. Sauf à chercher du côté des facteurs extra biologiques : le progrès ne peut pas être empêché mais on peut décider de le cadrer, comme avec un dopage légalisé, sécurisé et maitrisé ou une technologie ultra avancée… Si on veut continuer à passionner les foules et à créer de l’émotion, sera-t-on obligés d’en passer par là ? Le tout est de parvenir à dépasser ses limites sans mettre en danger sa santé. Et pour la plupart des molécules découvertes et détournées de leur usage premier, à des fins de dopage, on ne connait pas encore les effets secondaires à moyen et long terme…
Comment savoir si une performance est surhumaine et provient du dopage ? où sont les limites de la physiologie ? jusqu’où peut-on aller sans l’aide des molécules dopantes ? Des niveaux de plus en plus élevés sont-ils dus à l’évolution humaine, ou à un dopage artificiel? La réponse est peut-être à chercher du côté des médecines alternatives.
En attendant, tous aux ventouses et à la méditation !
Sources : France TV info, Huffington Post. QUEVAL Isabelle, S’accomplir ou se dépasser. Essai sur le sport contemporain, Gallimard, 2004. Institute for Biomedical Research and Sports Epidemiology (IRMES). The citius end: world records progression announces the completion of a brief ultra-physiological quest. PLoS One. 2008. Photo Pixabay.com