Après des années de privations, aurait-on fini de diaboliser le gras ?
Selon les scientifiques, la graisse serait revenue à la mode. Pas sur nos silhouettes, mais dans notre assiette. Depuis des années on nous bassinait avec des régimes sans graisses pour maigrir mais on s’est aperçu que ce qui faisait plus grossir encore que les graisses, c’étaient les sucres…
Ensuite, selon d’autres études, le gras n’était plus associé systématiquement au risque de maladie cardiaque qu’on lui mettait sur le dos.
Un nouvel engouement pour le gras
Puisque les gens essaient de réduire leur consommation de sucres, eh bien ils sont de nouveau attirés par les aliments riches en graisses… Comme il est assez difficile de se priver de tout, il y a un engouement pour le gras. Et ce qui semble être une mauvaise nouvelle en est finalement plutôt une bonne. Si la consommation de beurre est en hausse en Europe, réjouissons-nous, car cette hausse s’accompagne bel et bien d’une baisse sensible de l’alimentation sucrée et d’une augmentation de la part de protéines dans l’alimentation..
Il ne s’agit pas de n’importe quel type de gras. Le volume des ventes de beurre a augmenté de 36.000 Tonnes dans les années 2008 à 2013, alors que parallèlement la consommation d’autres huiles et de matières grasses à tartiner a moins décollé.
En Amérique, royaume de la margarine, la consommation de graisse à tartiner et huiles a baissé de 62.000 Tonnes alors que le beurre a fait une poussée remarquée de 19.000 T.
Du gras oui, mais de bonne qualité
Les consommateurs préfèrent peut-être consommer moins de gras, mais du gras de bonne qualité et avec un bon goût, celui du beurre. En tartines, rien n’égale en effet celui-ci. Et de petites quantités suffisent.
Une large méta-analyse d’études ayant porté sur des centaines de milliers de particpants, menée par des chercheurs de l’Université de Cambridge, en Mars 2014, a montré qu’il n’y avait aucun lien entre les maladies cardiaques et les graisse saturées, pas plus que la consommation de graisses polyinsaturées, d’oméga 3 et d’oméga 6 ne réduisaient ces mêmes maladies.
Du coup, on ne sait plus trop quel aliment blâmer, les graisses n’étant plus les méchantes de l’histoire et les fabricants d’aliments à teneur allégée en graisses ne sont plus à la fête.
Restent les aliments enrichis en bonnes graisses qui tiennent encore le haut du pavé mais risquent aussi à la lecture de cette étude de perdre leur crédibilité.
Retour au naturel
Les produits doivent être regardés pour leur qualité nutritionnelle dans son ensemble et non les teneurs individuelles en nutriments, qui pour baisser le gras et rester agréable au goût, augmentent la part de sucre. Le retour au beurre naturel est donc plus sain au regard de la valeur nutritionnelle riche en vitamines du beurre, qui est donc un aliment de choix à consommer avec modération mais à mettre au menu quotidien, en respectant la variété.
L’ennemi n’est donc pas tout le gras mais reste toutefois les acides gras trans, issus de la transformation des aliments (frits ou hydrogénés, processus qui rend l’huile solide) qui se sont distingués au cours des études par leur facteur de risque plus élevé au regard des maladies coronariennes.
Le gras revient à la mode mais pas sous toutes ses formes… un peu comme les collections de vêtements qui tournent tous les 5 ans avec des nuances si marquées qu’elles démodent aussitôt les plus anciennes qu’on voudrait recycler.
Source: Annals of Internal Medicine March 18 2014 doi:10.7326/M13-1788 Association of Dietary, Circulating, and Supplement Fatty Acids With Coronary Risk: A Systematic Review and Meta-analysis. site foodnavigator.com. Photo Shutterstock.com/Andrey Armyagov