Tout récemment nous avons été confrontés encore une fois à l’actualité du dopage dans le monde du bodybuilding, à la suite d’un fait divers ayant mis en cause un étudiant accusé de fabriquer et de commercialiser ses propres formules anabolisantes dans la région lyonnaise.
C’est l’occasion pour nous de faire le point sur les croyances et fausses idées qui circulent à propos des stéroïdes, car il ne faut pas généraliser.
Amateurs et dopage
Une fois de plus, le culturisme fait la une de l’actualité à cause d’un amateur qui envisage ce sport comme de la gonflette et s’est laissé tenter par l’argent facile. Ne souhaitant pas réagir à chaud, nous avons pris le temps de réunir suffisamment d’informations concernant cette affaire avant de vous donner notre opinion sur les propos et idées qu’elle a véhiculés donnant, encore une fois, une piètre opinion du bodybuilding. Néanmoins, ce fait divers révèle un réel problème qui touche tous les sports : l’utilisation anarchique et inappropriée de produits dopants par des amateurs non-initiés, pressés d’obtenir des résultats dans leur discipline. Cela met également en lumière un autre aspect peu valorisant de notre société : vouloir tout, très vite et en fournissant le moins d’effort possible. Et, à ce titre, les marchands de rêves ont bien compris qu’il y avait un filon à exploiter pour se remplir les poches.
Des résultats possibles sans dopants
Sans produits, on n’arrive à rien…
Dans ses déclarations, le jeune prévenu clame que « sans produits on n’arrive à rien ». Pourtant, nombreux sont les exemples de personnes ayant eu de très bon résultats à force d’entrainements et d’efforts nutritionnels ! On peut aller très loin dans le développement musculaire sans stéroïdes. Certes, vous ne deviendrez pas Mr Olympia, mais, même avec l’aide d’anabolisants, il y a peu de chances que vous y arriviez. Le deuxième volet de cette affaire prouve une fois de plus que l’information déstructurée, rendue accessible à tous, par le fabuleux outil qu’est internet, est préjudiciable et ne doit jamais être prise à la lettre. Il y a encore une dizaine d’années, l’information médicale sur ces substances était véhiculée par des ouvrages réalisés par des professionnels ou médecins du sport, voire par des professionnels du sport (préparateurs physiques, chimistes …) qui servaient de filtres pour que l’information délivrée soit compréhensible pour tout un chacun. Cette voie d’information avait l’énorme avantage de créer un halo mystérieux et dissuasif autour de l’utilisation de produits dopants.
Le dopage, c’est pas automatique
Pourquoi un avantage ? Tout simplement car l’utilisation de ces substances, même bien encadrée par un professionnel présente un certain nombre d’effets secondaires qu’il convient de bien évaluer et qui perturbent dans tous les cas, la vie quotidienne de leurs utilisateurs. C’est notamment à cet égard que, Fitadium clame régulièrement que ce genre de substances -s’il y a lieu d’en prendre, et là ce n’est pas à nous d’en juger-, devrait être réservé à des professionnels qui ont fait de leur sport leur métier. L’autre raison, pour laquelle nous conseillons aux amateurs de ne pas y avoir recours, est que l’utilisation de stéroïdes chez une personne n’ayant, ni la discipline d’entrainement, ni celle d’une nutrition millimétrée ne produira au mieux que des résultats éphémères voire pas du tout de résultats, alors que les effets secondaires seront, quant à eux, bien au rendez-vous. Essayez de répondre à cette simple question pour mieux appréhender le problème : Si vous avez une pathologie grave et mettant en jeu votre vie, allez-vous consulter un spécialiste qui va vous prescrire un traitement médical adapté que vous irez chercher dans une pharmacie ou allez-vous élaborer ce traitement en vous informant sur des forums et commander sur internet ce traitement auprès d’un labo clandestin situé en Inde ou autre ?
Si on arrête, on perd tout le muscle…
Effets secondaires non négligeables
L’affaire judiciaire à laquelle nous faisons allusion au travers de cet article est le pendant exact de la question précédente, appliqué à la pratique sportive. Un jeune de 17 ans qui débute la musculation en prenant des stéroïdes aura non seulement l’assurance d’avoir le bénéfice de la totalité des effets secondaires mais (comme le prévenu) perdra, en prime, l’intégralité de la masse musculaire acquise, dès l’arrêt des stéroïdes. Il se retrouvera alors avec de réels problèmes de santé et verra ses rêves d’obtenir un corps d’Apollon réduits à néant ! Que certains en fassent commerce, ce n’est pas une nouveauté. Que des laboratoires clandestins basés dans des pays en voie de développement, découvrant les règles du capitalisme fassent des profits en vendant des produits illicites, tout le monde connait, c’est le business model des produits stupéfiants !
On ne s’improvise pas chimiste comme ça
Le plus préoccupant et révoltant dans cette sombre histoire est que certains (dans le cas présent, un étudiant en économie !) disent se former à l’élaboration de produits pharmaceutiques complexes dans leur chambre d’étudiant ! D’une part, cette pseudo-formation n’a aucune validité, quelles que soient les capacités de la personne. S’il faut faire 8 ans d’études encadrées par des maîtres de la discipline pour élaborer des formules chimiques, dans les laboratoires, ce n’est pas pour rien !
Si on sent des effets secondaires c’est que ça marche…
D’autre part, comment assurer la qualité d’un produit fabriqué dans une arrière-cuisine, sans se conformer aux règles d’hygiène, de pureté et de stabilité du process de fabrication (l’étudiant ayant essayé lui-même ses produits, parle de fièvres ; palpitations cardiaques, montées de lait) … Le plus incroyable est que les clients de cet apprenti-chimiste (ou sorcier) étaient au courant du procédé et des compétences de cet étudiant. Il était peut être capable, de par son cursus, d’établir un business plan, mais surement pas de faire de la chimie organique ! L’article journalistique précise même qu’il s’était fait un nom et une réputation sur des forums spécialisés dans le bavardage autour des stéroïdes … C’est pour dire la naïveté et le manque de réflexion des participants à ce type de forums. Il est aisé de vendre du rêve, ça l’est moins de responsabiliser les acheteurs. Dans cette affaire, la conclusion est que l’acheteur est aussi responsable que le jeune fabriquant et vendeur de stéroïdes, car selon ses dires « les effets indésirables étaient recherchés par les acheteurs » comme preuve de leur efficacité.
Nous sommes là, à des années-lumière de la préparation physique sérieuse et encadrée de réels athlètes qui sont conscient de ces effets secondaires et qui les limitent au maximum en adaptant les dosages et utilisent certaines molécules pour se préserver de ces effets secondaires. Sans porter de jugement, les compétiteurs de haut niveau ont une conduite bien plus raisonnée car l’utilisation de produits dopant se fait, d’une part sous la surveillance de professionnels et d’autre part, parce qu’ils ont été, avant cela, éduqués à s’entrainer dur et à se nourrir au gramme près, et ce, pendant des années, sans avoir recours au dopage. Si on considère que cette alternative devient la seule manière, à un certain niveau, de continuer à progresser pour gagner leur vie, on peut leur trouver certaines excuses. Mais, vous en conviendrez, c’est un univers bien éloigné du débutant en musculation qui s’est promis d’avoir un physique d’athlète, l’été suivant pour « pécho » … !
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