L’huile de palme fait en ce moment la une de l’actualité et s’est peut-être rendue bien injustement célèbre.
Elle est utilisée dans bon nombre de préparations industrielles, biscuits, soupes, margarines, pain de mie, laits en poudre pour enfants et parfois là où on ne l’attend pas. Un tiers des produits de consommation courante en contiennent. Outre sa nocivité en tant qu’huile à haute teneur en graisses saturées sans bonus nutritionnel, c’est une catastrophe écologique qui s’annonce avec l’exploitation massive des palmiers, la déforestation, sans respect pour l’environnement en Asie du Sud, pour en extraire cette fameuse huile. Faut-il vraiment l’éviter ?
L’huile de palme est-elle dangereuse pour la santé ?
Pourquoi est-elle tellement utilisée ? C’est devenu l’huile la plus produite au monde. On en trouve presque partout. Dans les aliments, mais aussi dans les produits de beauté, les gels douche, shampoings, etc. C’est un procédé plus rapide (et sans doute moins cher?) qui n’a pas besoin d’hydrogénation, contrairement à d’autres huiles qui créent des acides gras trans. Si on la supprime de ces préparations, ne risque-t-on pas de voir se développer la proportion d’acides gras trans eux aussi néfastes pour la santé (et peut-être encore plus) ?
Le fameux Amendement Nutella concerne beaucoup d’industriels. Le coût ramené aux ventes totales (300 000 tonnes de Nutella vendues chaque année dans le monde) ne dépassera pas quelques centimes et ne dissuadera pas de son utilisation par tous les autres industriels qui l’ont intégrée à leur processus de fabrication. La diaboliser ne permettra pas de la supprimer radicalement des assiettes des consommateurs, d’autant que la liste des aliments qui en contiennent est bien longue.
Il y a également des défenseurs de l’huile de palme comme Tan Sri Dr Yusof Basiron, du Malaysian Palm Oil Concil, qui affirment qu’elle ne contient pas de gras trans contrairement aux graisses hydrogénées et qu’elle fait vivre des centaines de milliers de petits agriculteurs de Malaisie et créé également de nombreux emplois autour de ces exploitations.
En effet, la plupart des graisses saturées de notre alimentation sont de source animale : viande, beurre, fromage, lait représentent en moyenne 34,4 kg de gras par français et par an, alors que celle de l’huile de palme représente à peine 2kg.
Le danger viendrait encore selon ces mêmes sources, de la consommation de gras trans issus de la nourriture industrielle transformée, responsables du mauvais cholestérol. La consommation de graisses saturées aurait quant à elle un effet sur le bon cholestérol.
Où se cache l’huile de palme ?
Doit-on continuer à « empoisonner » nos enfants et à remplir nos caddies le cœur léger de tout ce qui ravit nos chers bambins ?
Ne généralisons pas. Le directeur général de Nutella se défend de toute mauvaise pratique et ne souhaite pas changer une recette française qui a fait ses preuves et est depuis 50 ans la pâte à tartiner préférée des français.
Là encore la prudence est de mise. Elevée au Nutella, la génération précédente a grandi dans l’insouciance en tartinant son pain et n’a pas généré que des obèses à risque cardio vasculaire élevé. Une consommation occasionnelle et modérée de Nutella n’est pas plus dangereuse qu’une autre. Le tout est de résister à cette terrible addiction qui fait piocher dans le pot à la cuillère, plus que de raison.
La liste des produits riches en huile de palme ne cesse de s’allonger, et l’indication n’est pas obligatoire en deçà d’un certain seuil. La mention « huiles végétales » suffit parfois à masquer sa présence et le label « sans huile de palme » n’est pas encore généralisé. Certains industriels ont déjà compris le bénéfice qu’il y avait à utiliser des noms dérivés pseudo-scientifiques qui échappent à la vigilance du consommateur.
Reste à voir par quoi on va le remplacer, d’autres types de graisses (colza, tournesol, soja), mais toutes n’ont pas la même résistance au chauffage ou à l’oxygénation. Sachant que dans les pays où l’huile de palme est consommée massivement, on ne constate pas plus de maladies cardiovasculaires qu’ailleurs…
Faut-il boycotter l’huile de palme ?
On parie alors sur le grand retour du beurre… un produit naturel qui n’a pas fait non plus de nos arrières grands-parents une génération d’obèses et victimes de maladies métaboliques.
Encore une fois, il va falloir être vigilant sur les étiquettes et essayer de s’en tenir à une alimentation la plus naturelle possible et la moins industrialisée possible pour éviter tout excès de graisses saturées. Car le danger vient du cumul des différentes sources de graisses saturées cachées dans notre alimentation et pas seulement dans les graisses elles-mêmes que nous savons éviter ou consommer modérément.
La vraie question de l’huile de palme est peut-être environnementale puisqu’elle entraîne une déforestation massive et la destruction de l’habitat naturel des grands singes. Plus pour la santé des orangs-outangs que pour la vôtre, boycottez l’huile de palme !
Et continuez à consommer des protéines, étant sans lipides pour la plupart, elles ne contiennent ni graisses saturées, ni huile de palme…
Source Le Parisien, le Monde, Food navigator, danger-sante.org. Photos : http://terresacree.org/palme.html