Thomas Pinel est à la fois un athlète Pro IFBB et un Personal Trainer réputé. Autant dire qu’il en connait un rayon côté bodybuilding. Il nous a très gentiment accordé cette interview pour faire partager sa double expérience de coach et d’athlète aux membres de la communauté Fitadium. Depuis le jour où il a mis le pied pour la première fois dans un gymnase, il a eu la révélation et a commencé une relation passionnée avec le bodybuilding.
Interview de Thomas Pinel
#1. Faisons les présentations, qui es-tu ?
Bonjour, je m’appelle Thomas PINEL, je suis né en 1979 à Rouen. Je mesure 180 cm pour actuellement 107 kg. Je suis coach sportif depuis maintenant 14 ans. Vous pouvez me suivre sur ma page facebook
#2. Quand et comment en es-tu venu à la musculation ?
Les gyms sont les endroits où je me sens le mieux
Et bien j’étais un garçon très complexé par mon physique: je ne pesais que 65kg et n’avais pas vraiment de passé sportif. Je n’avais aucune confiance en moi. Tout a commencé pour moi ce fameux jeudi 23 septembre 1999 où j’ai mis le pied pour la première fois dans un gym: le « Danse & Fitness » à Rambouillet (78). J’étais accompagné de ma mère qui m’offrait l’abonnement pour mes 20 ans. Je me souviens comme si c’était hier de chaque détail. Je me rappelle avoir été impressionné par l’endroit et ce qu’il s’y passait et pourtant m’y être senti si bien. Aujourd’hui ce sentiment est resté intact: les gym font parti des endroits où je me sens le mieux.
#3. A quel âge ?
J’ai commencé à l’âge de 20 ans. Aujourd’hui cela fait 15 ans que je voue une passion sans nom au bodybuilding.
#5. Qu’est-ce qui t’a fait accrocher sur un sport aussi exigeant ?
Cela est difficile à expliquer. Le sentiment que procure le travail avec charges additionnelles est incroyable ! Etre face à ses propres choix, ne pouvoir compter que sur soit à l’entraînement, se rendre compte des innombrables bienfaits de ce mode de vie. Toutes les exigences que le bodybuilding demande font qu’il a un véritable sens pour moi. La rigueur, le goût du sacrifice, la valeur de l’effort, la patience etc. Je vois le culturisme comme un art dont l’œuvre est l’artiste.
Il donne un sens à ma vie et la rythmera jusqu’à mon dernier soupir
#6. As-tu pratiqué ou pratiques-tu encore d’autres sports ?
Avant de commencer le culturisme, je n’avais pas de passé sportif. Le bodybuilding de compétition demande tellement de temps qu’il m’est difficile de pratiquer une autre activité physique et sportive. Je pratique cependant avec un très grand plaisir le cycling indoor (RPM) à raison de 2 séances d’une heure par semaine : je trouve que c’est un excellent complément.
#7. Quel est ton principal objectif ?
Une masse musculaire toujours plus dense
Mon objectif principal bien sur est de développer une masse musculaire toujours plus dense, de devenir plus fort et endurant, de lutter contre la graisse et de rester en bonne santé. Le plus important pour moi est de durer dans le temps pour pratiquer le body le plus longtemps possible. A court et moyen terme ; j’aimerais être proclamé champion de France IFBB, monter mon gym, écrire des livres et articles sur le culturisme pour promouvoir ses innombrables bienfaits.
#8. Comment t’entraînes tu ?
S’il y a bien une chose que mon expérience m’a montré en bodybuilding ; c’est que la théorie durement apprise sur les bancs de l’école culturiste était bien souvent contrecarrée sur le terrain. Je m’entraine 4 à 7 fois par semaine selon les périodes de l’année et parfois même 2 fois par jour en période de compétition parce que je pense qu’une heure et demie d’entrainement toutes les 24h n’est pas toujours suffisant pour se développer et s’améliorer.
Je varie à chaque séance
Bien que j’aie une préférence toute particulière pour les mouvements de base poly-articulaires aux charges libres, j’utilise également les poulies et de nombreuses machines. Je varie à chaque séance mes méthodes d’entrainements, mes techniques d’exécution, les types d’efforts, mes angles de travail, l’ordre des exercices ainsi que tous les autres paramètres. Je commence toujours par travailler mes points faibles. Je fais du cardio training toute l’année (marche rapide, elliptique, escalator et RPM) pour améliorer ma condition physique, maintenir un métabolisme élevé et lutter contre la graisse.
J’inclus également dans ma planification des séances de stretching, de massage, de posing et d’électrostimulation. Je travaille tous mes groupes musculaires une fois par semaine à l’exception des membres inférieurs, des trapèzes et des abdominaux que je fais 2 fois par semaine. J’effectue très souvent 3 séries par exercices car je préfère faire plusieurs mouvements. J’aime travailler en super set, voir même enchainer plusieurs exercices sans temps de repos: ce qui rend les séances bien plus intenses. J’utilise dans une même séance toutes sortes de techniques d’intensification, il m’arrive même d’en inventer. J’accorde une grande importance à l’échauffement et ne manipule jamais de charge trop importante pour moi.
Je privilégie toujours la qualité à la quantité
#9. Et pour la diète, est-ce que tu es strict au quotidien, ou est-ce que tu fais des exceptions?
Je considère la nutrition comme ma première médecine. Donc je mange sainement toute l’année en m’accordant de temps en temps quelques « repas trichés ». La nutrition me passionne, je suis toujours en perpétuelle recherche.
Je suis adepte de la diète paléontologique
Même si cela de nos jours est compliqué; je m’efforce de me nourrir uniquement de ce que la nature me donne en évitant autant que possible les aliments raffinés, préparés et qui ont fait office de transformations par la main de l’homme. Je consomme toute l’année environ 2,5 à 3g de protéine par kilos de poids de corps et par jour. Mes sources de protéines sont la viande rouge de bœuf, la dinde et le poulet, les œufs, les poissons, les protéines en poudre et les protéines d’origines végétales. Mes sources de lipides sont l’avocat, les huiles végétales, le saumon et parfois certains compléments alimentaires d’oméga 3-6-9. Je consomme environ 40g de fibres par jours avec les légumes et certaines céréales. Concernant les glucides, pour moi c’est le chapitre le plus compliqué en diététique !! Ma consommation varie tous les jours selon mes dépenses énergétiques, mon taux de MG (qui est aux alentours de 12% hors compétition) et les périodes de l’année. Je bois entre 4 à 6 litres d’eau par jour. J’ai éliminé le gluten et les produits laitiers de mon alimentation pour les raisons que l’on connait (et ça change tout). J’aime beaucoup le BIO et utiliser des épices, aromates et herbes (d’ailleurs je me passionne pour la phytothérapie). Manger sainement n’est finalement pas si compliqué ; il faut simplement en avoir envie et prendre le temps de comprendre les choses. C’est une prise de conscience…
Le culturisme m’a appris que nous étions ce que nous mangions
#10. Fais-tu des périodes de sèche ? de prise de masse ? explique-nous…
Oui dans une certaine mesure. La compétition demande de cycler des phases de Prise de Masse (PDM) et de « sèche ». Néanmoins, il n’y a réellement que mon alimentation qui varie selon les périodes d’entraînements. Pour vous faire une petite confidence, je ne suis pas adepte des « grosses PDM », bien que je reconnaisse tout à fait que cela réussisse à merveille à certains athlètes. Nous le savons, augmenter son BF hors saison est utile pour un tas de raison. Mais pour moi, le culturisme est par définition le « culte du corps ». Et donc il m’est impossible de m’accepter avec plus de 15% de MG. Ma relation avec la nutrition est bien trop liée avec le facteur santé pour que je mange « hors des rails » sous prétexte d’être en PDM (prise de masse).
#11. Surveilles-tu toujours ton pourcentage de masse grasse ? Mesures-tu tes performances en course ?
Je note mes performances et mes ressentis
Je suis très attentif au reflet du miroir. Je m’efforce toute l’année de ne pas dépasser 12% de BF ( bodyfat). Je pense qu’au-delà, c’est une mauvaise gestion de la diététique. Avons-nous aujourd’hui réellement besoin de graisse de réserve dans un monde où nous avons de la nourriture à profusion ? Oui je tiens à jour un petit carnet d’entraînement où j’y note toutes mes performances et mes ressentis.
#12. Ton point de vue sur l’entrainement intensif ?
L’intensité à l’entraînement est le mot d’ordre
L’entraînement ne doit pas être impressionnant mais efficace. Ce qui veut dire que l’intensité n’est pas synonyme de charge lourde. Ce qui importe c’est le rendement: c’est à dire la quantité de travail effectuée dans le laps de temps. La qualité étant le fer de lance de l’art culturiste, elle primera toujours sur la quantité.
#13. Quels sont tes exercices préférés et ceux que tu n’aimes pas ?
Rares sont les exercices que je n’aime pas. J’adore les exercices de rowing, les mouvements de développés, les exercices pour les mollets, les fentes et ses variantes, le deadlift.
#14. Quels sont tes points forts ? De quoi es-tu le plus fier dans ton physique?
Difficile à évaluer quand on sait qu’un culturiste n’est jamais satisfait. Je dirais mes dorsaux et trapèzes, mes bras, mes mollets et mes quadriceps (bien que je manque encore indiscutablement de galbe sur ces derniers).
#15. Et tes points faibles ?
Il y aurait beaucoup à dire (rire) ! Objectivement, mes deltoïdes, mes pectoraux, mes ischios et ma sangle abdominale sont mes points faibles.
#16. Quel type d’entraînement a donné pour toi les meilleurs résultats ?
Je dois mes plus beaux progrès à la diversité des types d’entraînements que j’utilise. Je préfère effectuer des séries avec un nombre important de répétitions avec des charges conséquentes et enchaîner deux ou plusieurs exercices sans temps de repos. C’est ce qui me réussit le mieux.
#17. Préfères-tu l’entraînement avec haltères ou sur machines ?
J’ai une préférence pour les entraînements avec barres et haltères pour la liberté qu’ils permettent. Mais j’aime également le côté sécuritaire des machines. J’utilise durant mes séances les barres, les haltères, les machines, les poulies ainsi que toute sorte de petit matériel (step, TRX, élastique etc.). Après il y a des machines où je ne me sens pas à l’aise du tout : alors je les exclus de mes entraînements.
#18. Comment concilies-tu cardio et musculation ?
L’un n’est pas possible sans l’autre. Le cœur est le muscle sans qui rien ne serait possible pour l’organisme tout entier. Négliger le travail cardio vasculaire est à mon sens la plus sérieuse des erreurs. Je fais toute l’année 2 séances d’1 heure de vélo en salle (RPM). J’aime aussi énormément la marche rapide ; que j’effectue autant que possible dans des parcs, des forêts.
#19. Prends-tu des compléments ? lesquels et dans quel but ?
L’univers du complément alimentaire me passionne. J’aime passer des heures à comparer les différents produits sur le net, à déchiffrer les étiquettes, à lire les études menées sur le sujet: c’est fascinant ! J’utilise des poudres de protéine (Whey et Casein) pour augmenter facilement mon apport quotidien en protéine. De la glutamine pour renforcer mon système immunitaire. Des bcaa’s pour freiner le catabolisme musculaire pendant l’effort. De la créatine pour la récupération musculaire. Un complexe de vitamines minéraux et oligo éléments pour leurs indispensables bienfaits pour la santé. Des glucides en poudre pour renflouer mes stocks d’énergie après l’entraînement. Des acides aminés pour soutenir mon métabolisme. J’utilise également beaucoup les plantes car je crois fort en leurs pouvoirs.
De la créatine pour la récupération musculaire
#20. Quel est ton palmarès ?
- 3ème place au Top De Colmar 2012 en 1er pas +85kg
- 4ème place au Top De Colmar 2013 en Sénior +90kg
- 3ème place au Top De Colmar 2014 en Sénior +90kg
- Vice champion de France IFBB 2014 en bodybuilding +100kg
#21. Quels sont tes athlètes de référence?
Les athlètes des années 80, 90 et 2000 m’inspirent énormément. Je suis également admiratif devant le travail qu’accomplissent les athlètes d’aujourd’hui. Comme beaucoup de mes petits camarades mes sources d’inspirations sont; Arnold Schwarzenegger, Serge Nubret, Dorian Yates, Kevin Levrone et bien d’autre encore…
#22. Ta position sur le dopage?
C’est un sujet compliqué
C’est un sujet très épineux. Mon avis est que chaque athlète est libre de vivre sa pratique sportive comme il l’entend, dans la mesure où si il a recours au dopage ; qu’il n’en fasse ni l’apologie ni un commerce, et qu’il ne se mesure pas à des athlètes qui n’ont pas les mêmes pratiques que lui.
Après, le dopage est très diabolisé et ce, trop souvent par des détracteurs qui ne connaissent absolument rien sur le sujet. Sachant que la France est un des plus gros consommateurs de médicaments d’Europe. Sachant que l’auto médication est une pratique courante chez les Français et que la vente libre de médicaments est un marché qui pèse plusieurs centaines de millions d’euros (tout comme la vente du Tabac, de l’Alcool et des produits alimentaires industriels) ; je me pose la question, bien que le dopage soit interdit par la loi, de savoir si l’on peut vraiment incriminer un athlète qui aurait recours à des méthodes pharmaceutiques pour améliorer ses propres performances physiques. Tout cela est bien compliqué.
#23. Quel conseil perso donnerais-tu à un débutant ou à quelqu’un qui souhaite progresser radicalement?
Et bien je lui dirais que rien ne se fait radicalement. La patience et la méthode sont indispensables en culture physique. Je lui donnerais comme conseil de s’efforcer de toujours faire des choix honnêtes, et de pouvoir ainsi les justifier.
#24. Ton activité professionnelle te permet-elle de t’entraîner autant que tu le souhaites?
Jusqu’à présent oui, j’ai toujours eu cette chance. J’espère que cela sera toujours le cas.
#25. Quels sont tes projets?
Professionnellement, je compte développer mon activité de coach sportif en préparant des athlètes pour des compétitions.(thomas_coachform@yahoo.fr)
Sportivement, je me prépare actuellement pour les championnats de France IFBB 2016. Je veux remporter le titre de champion de France en bodybuilding +100kg.
#26. Tu n’en as jamais marre de la musculation ? Qu’est-ce qui te motive pour continuer?
J’espère au contraire pouvoir pratiquer le culturisme aussi longtemps que possible, car il me rend heureux au quotidien.
Ma motivation se décuple avec les années
J’aime le côté recherche, traitement des informations et application dans cette discipline. Se remettre en question, savoir s’adapter, écouter et respecter son corps, apprendre de ses erreurs, savoir justifier ses choix, rester humble. Voilà quelques une des leçons de vie que l’on apprend sur les bancs de l’école de vie culturiste et ce qui me motive à continuer dans cette voie.
Merci Thomas
C’est moi qui vous remercie de m’avoir accordé cette interview.